VIDEO EXCLUSIVE de l’évasion de Rédoine Faïd
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Le braqueur Rédoine Faïd s’était évadé en avril de la prison de Sequedin, dans le Nord, à l’aide d’une arme de poing, d’explosifs et en prenant en otages 5 surveillants, avant d’être repris 6 semaines plus tard dans un hôtel de Seine-et-Marne.
Le récit détaillé de son évasion
Les quatre surveillants de la prison de Sequedin pris en otage par Redoine Faïd ce samedi restent très choqués par ce qu’ils ont vécu. Ils ont rencontré la ministre de la justice et ont pu raconter ce qu’ils ont vu et entendu à leurs collègues. Deux d’entre eux sont syndiqués à l’UFAP-UNSA justice. Etienne Dobremetz, leur représentant syndical a accepté de nous retranscrire ce qu’ils lui ont dit. Voici son récit. Evidemment, certains détails peuvent prêter à discussion et les versions divergent parfois légèrement avec d’autres témoignages. Mais l’ambiance décrite, les mots, le déroulé sont pour l’essentiel fidèles à cette matinée incroyable.
« Il tiré un coup de feu sur le mur »
« Redoine Faïd est arrive au parloir avec un sac caché dans le dos. Il a sorti rapidement une arme qu’il a pointé sur la tempe d’une des « gradées ». Il a ensuite tiré un coup de feu sur le mur à mi-hauteur. Sans doute pour montrer sa détermination et prouver que son arme n’était pas factice. Il a également fait agenouiller des agents.
Le braqueur a ensuite demandé à un surveillant de défoncer la porte du parloir, « côté familles ». L’agent a eu très peur. Il était tellement stressé qu’il n’a pas réussi à forcer la porte. Redoine Faïd s’est énervé. C’est finalement lui qui a mis un grand coup d’épaule dans la porte et a réussi à l’ouvrir.
Il a ensuite emmené avec lui 4 agents en leur demandant de se tenir tête baissée, les mains sur la tête. Il a laissé les deux gradés dans le parloir. Il a fait déshabiller un surveillant pour lui prendre une partie de sa tenue, sans doute pour semer la confusion à la sortie.
A ses otages, il a dit : « Si vous faites pas les malins, ça ira. Faites ce que je vous dis, et ça se passera bien. » Ce qui a particulièrement marqué les otages, c’est le sang froid de Faïd. Il n’a pas été violent dans sa façon de se conduire. Ses paroles, en revanche étaient violentes. Il a menacé plusieurs fois de les tuer.
« Une évasion minutieusement préparée »
Les surveillants ont vite compris que cette évasion était minutieusement préparée et qu’ils n’avaient pas affaire à un novice. L’alarme portable a été déclenchée tout de suite par un des agents. Les autres surveillants ont pour consigne, dans ces cas-là, de se regrouper dans une pièce, ce qu’ils ont fait. Au vu de la gravité de la situation, ils ont conclu qu’ils ne pourraient pas faire grand chose.
Devant les autres portes, Faïd a été très méthodique. Il a fait s’agenouiller les agents pendant qu’il utilisait des explosifs, apparemment du « C-4 », pour passer les portes et la grille. Cette façon de faire est surprenante car les agents ont pour consigne, en cas de prise d’otages, d’ouvrir les portes sans résister si on leur demande. Là, ils auraient ouvert pour préserver leurs vies et celles de leurs collègues. Peut-être a-t-il voulu impressionner ou aller vite. Il a apparemment décidé d’utiliser une méthode militaire pour être pris au sérieux. Les dégâts sur les portes sont vraiment impressionnants. Ça tient même du miracle qu’il n’y ait pas de blessés suite aux explosions.
« Si tu bouges, je te tue »
Après avoir fait sauter la dernière porte, dehors, il a relâché deux des otages. En leur ordonnant de baisser leur pantalon jusqu’aux chevilles pour éviter qu’ils ne puissent courir rapidement. Toujours dans le calme.
Faïd a ensuite traversé la pelouse devant la prison pour rejoindre l’autoroute avec les deux derniers otages. Arrivé près de la route, il a voulu passer un coup de fil à son complice avec un téléphone portable mais apparemment ça ne passait pas ou ça ne répondait pas. Il a alors tiré un coup de feu, sans doute pour signifier qu’il était prêt. Une voiture (Peugeot 406 noire) est arrivée. Il a dit à un des derniers otage-agents de monter. L’autre est resté là. Dans la voiture, il a dit : « Si tu bouges, je te tue »
Quelques centaines de mètres plus loin, au niveau de la prison de Loos, il a ordonné au dernier otage de descendre sur la bande d’arrêt d’urgence. En tout, entre le 1er coup de feu et la fin de la prise d’otages, il s’est passé environ 15-20 minutes. »